Cela fait maintenant plus d’un mois que la Maison Forestière est occupée et que les cabanes remplacent les machines de destruction massive dans la forêt. Nous sommes là, et bien là.
Malgré le froid et la neige, malgré la pression exercée par la gendarmerie, malgré les diverses agressions que nous avons subies, malgré les fréquents sabotages des constructions, la vie suit son cours à la Maquizad.
Grâce aux efforts de chacun-e, la vie quotidienne se déroule tranquillement, les aménagements de la maison et des cabanes continuent. Les différents habitats permettent d’héberger de plus en plus de monde, sans parler de la place pour les tentes et les camions.
Les deux dernières semaines ont été très riches en événements. De nombreuses personnes, de toutes générations et de tous milieux culturels sont passées nous voir, pour cinq minutes ou plusieurs jours. Des gens qui viennent régulièrement comme de simples curieux de passage, des enfants et des grands-parents, des Roybonais et des Suisses…. Les uns et les autres ont pu trouver à échanger. Des idées et des opinions, des compétences et des expériences, de la solidarité et de la chaleur humaine. Ces deux semaines ont été agrémentées de nombreux petits plaisirs gustatifs et musicaux. Merci.
Le 23 décembre, le tribunal administratif de Grenoble a suspendu l’arrêté préfectoral qui autorise les travaux du Center Parcs de Roybon. Depuis ce jour, diverses déclarations ont annoncé la reprise des travaux de défrichement à la date du 5 janvier. Constatant que l’arrêté préfectoral suspendu fait également état de ce même défrichement, nous sommes déterminés à maintenir notre présence aux différentes entrées du terrain afin d’empêcher la reprise dudit chantier.
Depuis le 27 décembre, nous faisons l’objet, en journée, d’un blocus de la gendarmerie qui empêche les véhicules d’arriver jusqu’à nous. Ce blocage de la route est « justifié » par un arrêté du Conseil Général, datant du 24 décembre, dont voici un extrait :
« Considérant que le département ne peut actuellement entretenir et assurer l’exploitation, notamment la viabilité hivernale d’une section de la RD20F, en raison des événements liés à la réalisation du Center Parcs, il y a lieu de réglementer la circulation (…). Cette partie de la RD20F (…) est fermée à toute circulation. »
Or, les « événements liés à la réalisation du Center Parcs » n’ont, à aucun moment, nui à la circulation sur la RD20F. L’entretien de la voirie n’a jamais été empêché par nous et tous les véhicules peuvent passer sans danger devant la maison. Par deux fois, dans un souci de sécurité, des chicanes ont été établies pour limiter la vitesse aux abords de la Maquizad.
La première après qu’un individu a eu un comportement dangereux au volant de sa voiture. La seconde, le week-end dernier, alors qu’il neigeait depuis deux jours, que le virage devant la maison était extrêmement glissant et que des véhicules roulant à vive allure y passaient régulièrement. Cela représentait un danger pour les personnes qui faisaient le guet à l’entrée pour nous prévenir de nouvelles attaques. Les chicanes ont été enlevées à la demande des gendarmes qui nous ont fait remarquer qu’elles entravaient les travaux de déneigement. Chicanes placées justement car la route n’était pas déneigée. Bref, encore une histoire tordue.
Depuis, point d’entretien de la route, ce qui n’empêche pas de nombreux « riverains » de passer devant, le camion des poubelles de faire sa tournée, le facteur de nous apporter du courrier. Les mesures prises n’ont pas empêché que des individus non identifiés arrivent jusqu’à nous pour « communiquer ». Individus qui ont fait irruption dans la cabane de l’entrée, faisant parler lacrymos et bâtons avant de disparaître. Que dire aussi des pétards lancés depuis des 4×4 sans immatriculation visible ? Si les routes sont restées glissantes et dangereuses à de rares endroits ombragés c’est uniquement car elles n’étaient pas dégagées. Et l’on nous a dit que les routes n’étaient pas dégagées car nous représentons un danger… Cherchez l’erreur.
Les seules personnes réellement bloquées sont celles qui tentent de nous apporter soutien moral et matériel. Quelques unes arrivent jusqu’à nous, après quinze minutes de marche, chargés de ce qu’ils ont pu transporter à dos d’homme, d’autres se voient contraints de faire demi-tour.
Nous considérons que cet arrêté est totalement infondé et abusif, et qu’il n’est qu’une banale excuse afin de mettre un peu plus de pression sur les occupants de la zone à défendre et tenter de décourager les soutiens d’arriver. Cette mesure est une entrave à la liberté de circuler et nous exigeons que les barrages soient levés.
Amis, amies, vous pouvez encore arriver à la Maquizad en voiture après le coucher du soleil, ou accéder directement à nos nouvelles installations tout confort, qu’on dirait presque un Center Parcs mais en mieux, en arrivant en journée par les accès nord et sud du chantier. Au sud comme au nord, vous pourrez vous décharger, partager un café, prêter vos bras à l’effort collectif. Sans vous, sans ce soutien quotidien, rien de tout cela n’est possible. Si vous venez de loin, tout est prévu pour vous héberger, n’hésitez pas à venir passer quelques jours avec nous.
A bientôt dans les Chambarans !
Le petit peuple dans la forêt.
PS : au vu des difficultés de communication, vous pouvez toujours nous envoyer du courrier à notre adresse postale.